Tendances des dépenses nationales de santé, 2021 — analyse éclair

Les dépenses totales de santé au Canada s’élèvent à plus de 308 milliards de dollars en 2021

Combien le Canada dépensera-t-il en santé en 2021?

Cette image est décrite ci-dessous

Le total des dépenses de santé du Canada devrait atteindre 308 milliards de dollars en 2021, une hausse d’environ 2,2 %. Ce montant représente 12,7 % du produit intérieur brut du Canada et est l’équivalent de 8 019 $ par Canadien.

Que ce soit en dollars courants ou en dollars constants (de 1997), les dépenses de santé augmentent depuis 1975. En dollars courants, les dépenses de santé ont atteint environ 100 milliards en 2000 et quelque 200 milliards en 2011, et devraient s’élever à 300 milliards en 2020.

Source
Base de données sur les dépenses nationales de santé, Institut canadien d’information sur la santé.

Les dépenses totales de santé au Canada devraient atteindre un nouveau sommet à 308 milliards de dollars en 2021, soit 8 019 $ par Canadien, en raison d’une hausse des dépenses attribuable à la pandémie, particulièrement en 2020.

Les dépenses totales de santé au Canada ont augmenté de 12,8 % en 2020 en raison du financement alloué à la lutte contre la pandémie. Le taux de croissance estimé pour 2021 (2,2 %) correspond davantage aux taux observés durant les années précédant la pandémie. Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux (combinés) ont prévu 30,6 milliards et 22,8 milliards dans leurs budgets de 2020 et de 2021, respectivement, pour des activités de santé liées à la COVID-19. De 2015 à 2019, soit avant la pandémie, la croissance annuelle moyenne des dépenses de santé était de 4 %.

Selon les prévisions, les dépenses de santé devraient représenter 12,7 % du produit intérieur brut (PIB) canadien en 2021, comparativement à 13,7 % en 2020.

Comme le mentionne une analyse de l’Institut C.D. Howe (PDF), les gouvernements dépassent souvent leurs estimations en matière de dépenses de 0,8 % par année (et dépensent donc plus que prévu). Pour l’année de données 2019, les dépenses réelles de santé des gouvernements provinciaux et territoriaux du Canada se rapprochent des estimations préliminaires (elles dépassent de 0,2 % les estimations préliminaires faites un an à l’avance et de 0,4 % celles faites 2 ans à l’avance.). Les écarts entre les estimations des dépenses pour cette année et les chiffres réels, lorsqu’ils seront connus, pourraient être encore plus importants en raison de l’incertitude que soulèvent les dépenses liées à la pandémie de COVID-19.

Lien habituel entre les dépenses de santé et la croissance économique

Habituellement, le Canada enregistre une croissance de ses dépenses de santé semblable et parfois même plus rapide que sa croissance économique globale, à l’instar des autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). En 2020, la croissance des dépenses de santé au pays a atteint un sommet, soit 12,8 %, en raison du financement additionnel accordé pour l’augmentation de la capacité des systèmes de santé, le dépistage, la vaccination et d’autres interventions liées à la lutte contre la pandémie. Parallèlement, les mesures mises en place pour ralentir la propagation du virus (p. ex. les restrictions de voyage, les confinements, la fermeture des commerces non essentiels) ont nui à l’économie, faisant reculer le PIB de 4,6 %.

Total des dépenses de santé et PIB, taux de croissance annuels, Canada

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Année PIB Dépenses de santé Projections du PIB*
2002 4 % 7 % s.o.
2003 5 % 7 % s.o.
2004 6 % 6 % s.o.
2005 6 % 7 % s.o.
2006 5 % 8 % s.o.
2007 5 % 8 % s.o.
2008 5 % 6 % s.o.
2009 -5 % 6 % s.o.
2010 6 % 6 % s.o.
2011 6 % 3 % s.o.
2012 3 % 4 % s.o.
2013 4 % 2 % s.o.
2014 5 % 3 % s.o.
2015 0 % 4 % s.o.
2016 2 % 4 % s.o.
2017 6 % 4 % s.o.
2018 4 % 4 % s.o.
2019 4 % 4 % s.o.
2020p -5 % 13 % s.o.
2021p 10 % 2 % s.o.
2022 s.o. s.o. 6%
2023 s.o. s.o. 4%
2024 s.o. s.o. 4%
2025 s.o. s.o. 4%

Remarques
* Données tirées du Budget 2021.
PIB : produit intérieur brut.
s.o. : sans objet.
p : prévisions.

Sources
Base de données sur les dépenses nationales de santé, Institut canadien d’information sur la santé.
Budget 2021 : Une relance axée sur les emplois, la croissance et la résilience, ministère des Finances Canada.

La situation budgétaire des gouvernements influe sur les tendances des dépenses de santé

Avant la pandémie, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux enregistraient des déficits budgétaires, ce qui limitait la croissance des dépenses de santé.

Habituellement, la croissance des dépenses de santé est nulle en période de restrictions budgétaires. C’est ce qui s’est produit de 1993 à 1996 et de 2011 à 2014, où les gouvernements avaient mis en place des plans pour réduire ou éliminer les déficits budgétaires.

Les gouvernements ont enregistré des déficits records en raison de la diminution marquée de l’activité économique en 2020, combinée aux mesures fiscales liées à la pandémie. Les restrictions budgétaires à prévoir pourraient avoir un effet modérateur sur la croissance des dépenses de santé.

Dépenses totales de santé par habitant, taux de croissance annuels après ajustement en fonction de l’inflation*, Canada, 1976 à 2021

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  • De 1975 à 1991 : Période de croissance soutenue des dépenses de santé. Le taux de croissance annuel moyen s’élève à 2,7 %, et le taux de croissance des dépenses atteint un sommet au début des années 1980.
  • Milieu des années 1990 : Le total des dépenses de santé baisse à un rythme annuel moyen de 0,5 % durant cette période de restriction budgétaire.
  • De la fin des années 1990 à 2010 : Cette période de réinvestissement dans les soins de santé est marquée par une augmentation moyenne des dépenses de santé de 3,3 % par an.
  • De 2010 à 2014 : Le total des dépenses de santé augmente à un rythme annuel moyen de 0,1 % durant cette période de restriction budgétaire.
  • De 2014 à 2019 : La croissance reprend; les dépenses de santé par habitant, en dollars constants, augmentent en moyenne d’environ 1,6 % par année.
  • 2020 : 6,5 %
  • 2021 : 0,1 %

Remarques
* En dollars constants de 1997.
Voir le tableau de données A.1 dans le fichier Excel d’accompagnement.

Source
Base de données sur les dépenses nationales de santé, Institut canadien d’information sur la santé.

Hôpitaux, médicaments et médecins : toujours les 3 principales catégories de dépenses de santé

Les hôpitaux (25 %), les médicaments (14 %) et les médecins (13 %) devraient continuer de représenter les parts les plus importantes des dépenses de santé (plus de 50 % des dépenses totales de santé) en 2021. Une nouvelle catégorie de dépenses, soit le financement de la réponse à la COVID-19, représente quant à elle 7 % des dépenses totales de santé, ce qui inclut les dépenses du secteur fédéral direct et du secteur des gouvernements provinciaux et territoriaux. Il s’agit d’un financement prévu dans les budgets gouvernementaux pour des activités relatives à la santé qui sont menées dans le cadre de l’intervention d’urgence ponctuelle contre la pandémie de COVID-19 et qui ne sont pas comprises dans l’une des autres catégories de dépenses de la BDDNS (p. ex. Hôpitaux, Autres établissements). (Il est à noter que certaines dépenses liées à la COVID-19 peuvent être incluses dans d’autres catégories de la BDDNS.)

Le financement de la réponse à la COVID-19 englobe plusieurs domaines généraux comme les traitements contre la maladie (30 %), le dépistage et la recherche de contacts (10 %), la vaccination (27 %), les biens médicaux (31 %) et d’autres dépenses connexes (1 %).

La pandémie de COVID-19 a posé un défi sans précédent sur le plan des soins médicaux pour les hôpitaux. Afin de limiter la propagation de la maladie et d’augmenter leurs capacités et leur dotation en personnel pour traiter un nombre élevé de patients hospitalisés atteints de la COVID-19, certains hôpitaux ont fermé des services de consultation externe ou réduit leur nombre de consultations et d’interventions non urgentes. Selon l’analyse de l’ICIS intitulée Incidence de la COVID-19 sur les soins hospitaliers, de mars à décembre 2020, le nombre total de chirurgies a chuté de 22 % par rapport à la même période en 2019, ce qui représente environ 413 000 chirurgies en moins. Alors que certaines dépenses ont diminué, d’autres ont augmenté en raison des ressources additionnelles nécessaires pour traiter les patients atteints de la COVID-19. Le rapport 2021 de l’ICIS sur les dépenses hospitalières révèle par ailleurs que le coût moyen estimé d’une hospitalisation liée à la COVID-19 est 3 fois supérieur à celui d’une hospitalisation liée à une crise cardiaque.

La hausse continue des demandes de remboursement de médicaments spécialisés et les coûts accrus par demandeur pour les médicaments d’entretien utilisés contre des affections chroniques sont des facteurs ayant contribué à faire augmenter les dépenses en médicaments. À l’inverse, l’utilisation moindre de médicaments pour des traitements de courte durée (p. ex. des médicaments contre les infections) entraînera probablement une diminution des dépenses en médicaments. 

En 2020, certains services offerts par les médecins ont été reportés en raison de la pandémie. Comme l’indique la récente analyse de l’ICIS intitulé Incidence de la COVID-19 sur les services des médecins, dans les 4 provinces pour lesquelles l’ICIS dispose de données (Nouvelle-Écosse, Ontario, Manitoba et Alberta), le nombre de visites de patients (en personne et virtuelles) pour tous les médecins a chuté de 6 % au Manitoba, de 8 % en Nouvelle-Écosse, de 12 % en Ontario et de 15 % en Alberta entre mars et décembre 2020. Certains de ces services ont repris en 2021, ce qui a contribué à un rebond des dépenses liées aux médecins.

La pandémie de COVID-19 a entraîné des changements dans la prestation des soins de santé au Canada, ce qui pourrait avoir modifié l’ordre des catégories de dépenses de santé. L’évolution continue de cette situation doit faire l’objet d’une surveillance. Par exemple :

  • La propagation rapide de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée (SLD) a poussé les responsables des politiques à axer leurs efforts sur l’investissement dans ce secteur et sur la réforme des SLD.
  • L’expansion des services virtuels mène à de nouvelles méthodes de prestation des soins permettant de maintenir ou d’améliorer la qualité et peut contribuer à réduire les coûts.
  • On continuera de mettre l’accent sur les investissements en santé publique afin de préserver la santé de la population canadienne et de se préparer en vue d’autres pandémies.

Part des dépenses totales de santé, selon la catégorie de dépenses de santé*, Canada, 2021p

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Catégorie Part des dépenses de santé
Hôpitaux

25 %

Médicaments 14 %
Médecins 13 %
Autres établissements 11 %
Autres professionnels 8 %
Financement de la réponse à la COVID-19 (secteur public) 7 %
Santé publique 5 %
ADS : autres dépenses de santé 5 %
ADS : services à domicile et soins communautaires (gouvernements provinciaux et territoriaux seulement) 4 %
Immobilisations 4 %
Administration 3 %

Remarques
* Les données sur les dépenses d’administration dans la Base de données sur les dépenses nationales de santé (BDDNS) se rapportent aux coûts de la prestation des régimes d’assurance maladie par les gouvernements et les compagnies d’assurance privées et aux coûts de l’infrastructure requise pour le fonctionnement des ministères de la Santé (p. ex. les dépenses liées aux services des ressources humaines et des finances de ces ministères). Consultez les Notes méthodologiques pour obtenir des précisions.
ADS : autres dépenses de santé.
p : prévisions.
Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme ne correspond pas à 100 %.
Consultez les Notes méthodologiques pour connaître la définition des catégories de dépenses de santé.

Source
Base de données sur les dépenses nationales de santé, Institut canadien d’information sur la santé.

Dépenses et vieillissement de la population

Les dépenses de santé consacrées aux personnes âgées ont-elles varié?

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De 2009 à 2019, la part des dépenses de santé du secteur public pour les Canadiens âgés de 65 ans et plus a légèrement augmenté, passant de 44,5 % à 45,1 %. Simultanément, le pourcentage de personnes âgées dans la population est passé de 13,9 % à 17,5 %.

En comparaison, au cours de la même période, la part dépensée pour les Canadiens de 1 à 64 ans a diminué, de 52,4 % à 52,0 %, et la proportion de ce groupe d’âge au sein de la population a baissé, passant de 85,0 % à 81,5 %.

Enfin, la part dépensée pour les nourrissons (moins de 1 an) est demeurée presque la même : 3,0 % en 2009 contre 2,9 % en 2019. Le pourcentage de nourrissons dans la population est demeuré presque inchangé : 1,1 % en 2009 contre 1,0 % en 2019.

Remarque
Les pourcentages ayant été arrondis, leur somme ne correspond pas nécessairement à 100 %.

Source
Base de données sur les dépenses nationales de santé, Institut canadien d’information sur la santé.

Bien que les personnes de 65 ans et plus ne représentent qu’environ 18 % de la population canadienne (une hausse par rapport à 14 % il y a 10 ans), elles sont toujours à l’origine d’environ 45 % des dépenses publiques de santé des provinces et territoires.

Étant donné que la population continuera de vieillir, les décideurs devront déterminer le niveau de services (soins hospitaliers, communautaires et de longue durée en établissement) dispensé aux personnes âgées du Canada afin d’assurer l’équilibre entre, d’une part, l’accessibilité, la pertinence et la qualité des soins, et, d’autre part, leurs coûts.

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