Conséquences inattendues de la pandémie de COVID-19 : méfaits causés par l’utilisation de substances, blessures auto-infligées et chutes accidentelles

Cette page aborde le suicide et les blessures auto-infligées. Vous pouvez obtenir de l’aide en tout temps :

Le 9 décembre 2021 — Les Canadiens continuent de composer avec les mesures de santé publique liées à la pandémie de COVID-19. Bien que celles-ci visent à freiner la propagation de la COVID-19, elles peuvent aussi entraîner des conséquences inattendues. Des sondages ont en effet démontré une détérioration de l’état de santé mentale des Canadiens pendant la pandémie, en raison d’une intensification de l’anxiété et du sentiment de solitude ainsi que des changements touchant l’accès aux soinsRéférence1, 2. Un nombre élevé de répondants ont affirmé consommer davantage de substances psychoactives : 30 % d’entre eux ont indiqué consommer une plus grande quantité d’alcool et 40 %, une plus grande quantité de cannabis. De plus, au moins 5 % des répondants ont indiqué avoir de sérieuses pensées suicidairesRéférence3. La présente analyse porte sur 3 conséquences inattendues de la pandémie : les méfaits causés par l’utilisation de substances, les blessures auto-infligées et les chutes accidentelles nécessitant des soins à l’hôpital (visite au service d’urgence ou hospitalisation). 

Hausse du nombre d’hospitalisations en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances

Au cours des 16 premiers mois de la pandémie (de mars 2020 à juin 2021), les hospitalisations en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances ont augmenté de 9 %, tandis que celles liées à d’autres motifs ont principalement diminué. Cette hausse, qui représente plus de 16 000 hospitalisations supplémentaires, a été plus marquée durant les derniers mois (entre octobre 2020 et juin 2021) de la période de pandémie à l’étude. Au total, environ 190 000 hospitalisations en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances ont eu lieu pendant la période de pandémie à l’étude.

Variation du nombre d’hospitalisations en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances, mars 2020 à juin 2021

Mois Toutes les hospitalisations Hospitalisations liées à l’utilisation de substances
Mars 2020 -11 % 1 %
Avril 2020 -33 % -15 %
Mai 2020 -25 % 3 %
Juin 2020 -12 % 17 %
Juillet 2020 -3 % 14 %
Août 2020 -6 % 9 %
Septembre 2020 -3 % 14 %
Octobre 2020 -6 % 12 %
Novembre 2020 -8 % 13 %
Decembre 2020 -8 % 14 %
Janvier 2021 -12 % 11 %
Février 2021 -9 % 18 %
Mars 2021 -3 % 23 %
Avril 2021 -5 % 16 %
Mai 2021 -15 % 4 %
Juin 2021 -16 % -2 %

Remarques
Les substances prises en compte dans l’analyse comprennent l’alcool, les opioïdes, la cocaïne, les autres stimulants du système nerveux central (p. ex. amphétamines), le cannabis, les autres dépresseurs du système nerveux central (p. ex. benzodiazépines), les autres substances, ainsi que les substances inconnues et multiples.
Les données du Québec sur les hospitalisations ne sont pas disponibles.
Base de données sur les congés des patients et Système national d’information sur les soins ambulatoires : la période des données de mars 2020 à mars 2021 est close. Les données pour avril à juin 2021 sont provisoires et pourraient changer; elles doivent donc être interprétées avec prudence. Voyez comment utiliser les données provisoires de l’ICIS sur la santé.
Système d’information ontarien sur la santé mentale (SIOSM) : données provisoires soumises au 1er septembre 2021.
Les données sur les services d’urgence ont servi à la validation des méfaits causés par l’utilisation de substances dans le fichier de données du SIOSM. Pour en savoir plus, consultez l’onglet Avis aux lecteurs dans le fichier des tableaux de données.

Sources
Système national d’information sur les soins ambulatoires, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système d’information ontarien sur la santé mentale, de janvier à décembre 2019 (données de référence recueillies avant la pandémie) et de mars 2020 à juin 2021 (données recueillies durant la pandémie), Institut canadien d’information sur la santé.

On observe des iniquités sociales liées aux méfaits causés par l’utilisation de substances. Au cours d’une année type, les personnes vivant dans les quartiers au revenu le plus faible subissent davantage de méfaits causés par l’utilisation de substances que celles vivant dans les quartiers au revenu le plus élevé. Ces iniquités se sont accentuées pendant la pandémie de COVID-19. En effet, l’augmentation du nombre d’hospitalisations en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances a été plus forte chez les personnes issues des collectivités au revenu le plus faible (13 %) que chez celles issues des collectivités au revenu le plus élevé (5 %). Ces résultats peuvent refléter le fardeau inégal de la pandémie sur les personnes qui utilisent des substancesRéférence4.

En revanche, le nombre de visites au service d’urgence en raison de méfaits causés par l’utilisation de substances est demeuré semblable à celui recensé avant la pandémie (2019), tandis que le nombre total de visites au service d’urgence a diminué. Le nombre de visites au service d’urgence en raison de méfaits causés par l’alcool fait toutefois exception; il a diminué de façon marquée.

Changements dans les tendances en matière de soins liés aux méfaits causés par l’alcool chez les jeunes et les adultes d’âge moyen

Durant la période de pandémie à l’étude, une diminution de 9 % des visites au service d’urgence en raison des méfaits causés par l’alcool a été enregistrée. Cette baisse était plus marquée chez les jeunes : elle se chiffrait à 36 % chez les 10 à 19 ans et à 18 % chez les 20 à 29 ans. Ce recul peut être attribuable à la fermeture des bars et des restaurants, à la réduction des fêtes et des interactions sociales et au confinement des jeunes à la maison sous supervision parentaleRéférence5.

À l’opposé, les hospitalisations en raison de méfaits causés par l’alcool ont augmenté de 10 % pendant la pandémie. La hausse la plus marquée a été observée chez les adultes d’âge moyen (22 % chez les 30 à 39 ans). De plus, les hospitalisations liées à des affections pouvant découler de la consommation chronique d’alcool ont particulièrement augmenté. Par exemple, on a recensé près de 4 300 séjours à l’hôpital supplémentaires pour des affections chroniques liées à l’alcool, comme les maladies du foie, et près de 8 000 hospitalisations supplémentaires pour des troubles mentaux et du comportement liés à l’utilisation d’alcool.

Différences selon le sexe observées dans la hausse des méfaits liés aux opioïdes et au cannabis

Entre octobre 2020 et juin 2021, les méfaits causés par les opioïdes ont considérablement augmenté — hausse de 36 % pour les visites au service d’urgence et de 30 % pour les hospitalisations. Au cours de la période de pandémie à l’étude, la hausse la plus notable en matière de méfaits causés par les opioïdes a été enregistrée chez les hommes (hausse de 33 % des hospitalisations chez les hommes contre 5 % chez les femmes). Il est à noter que nos données tiennent seulement compte des personnes qui ont demandé une aide médicale ou qui ont subi des méfaits non mortels et reçu des soins à l’hôpital. Selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada, d’avril 2020 à mars 2021, les décès liés à la toxicité des opioïdes ont grimpé de 88 % par rapport à la même période avant la pandémieRéférence6. Cette augmentation a été attribuée à un approvisionnement en drogues de plus en plus toxiques, à un sentiment accru d’isolement, de stress et d’anxiété ainsi qu’à la disponibilité et à l’accessibilité limitées des services.

Entre octobre 2020 et juin 2021, le nombre de visites au service d’urgence et d’hospitalisations liées à l’utilisation de cannabis s’est accru de façon importante (14 % dans les 2 cas). Au total, les méfaits causés par le cannabis étaient à l’origine d’environ 25 000 hospitalisations de mars 2020 à juin 2021. La hausse des visites au service d’urgence en raison de méfaits causés par le cannabis était plus élevée chez les femmes (21 %) que chez les hommes (6 %).

Variation du nombre de visites au service d’urgence et d’hospitalisations en raison de méfaits causés par les opioïdes et le cannabis, selon le sexe, mars 2020 à juin 2021

 
Type de soins Hommes Femmes
Visites au service d’urgence liées aux opioïdes 29 % 13 %
Hospitalisations liées aux opioïdes 33 % 5 %
Visites au service d’urgence liées au cannabis 6 % 21 %
Hospitalisations liées au cannabis 10 % 12 %

Remarques
Les données sont complètes pour les services d’urgence du Québec, de l’Ontario, de l’Alberta et du Yukon. Les données sont partielles pour l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse, la Saskatchewan et la Colombie-Britannique.
Les données du Québec sur les hospitalisations ne sont pas disponibles.
Base de données sur les congés des patients et Système national d’information sur les soins ambulatoires : la période des données de mars 2020 à mars 2021 est close. Les données pour avril à juin 2021 sont provisoires et pourraient changer; elles doivent donc être interprétées avec prudence. Voyez comment utiliser les données provisoires de l’ICIS sur la santé.
Système d’information ontarien sur la santé mentale (SIOSM) : données provisoires soumises au 1er septembre 2021.
Les données sur les services d’urgence ont servi à la validation des méfaits causés par l’utilisation de substances dans le fichier de données du SIOSM. Pour en savoir plus, consultez l’onglet Avis aux lecteurs dans le fichier des tableaux de données.

Sources
Système national d’information sur les soins ambulatoires, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système d’information ontarien sur la santé mentale, de janvier à décembre 2019 (données de référence recueillies avant la pandémie) et de mars 2020 à juin 2021 (données recueillies durant la pandémie), Institut canadien d’information sur la santé.

Hausse des soins pour des blessures auto-infligées chez les jeunes femmes

La pandémie a aussi entraîné des répercussions sur les tendances observées dans les soins hospitaliers pour des blessures auto-infligées. De mars 2020 à juin 2021, une diminution des visites au service d’urgence (7 %) et des hospitalisations (6 %) pour des blessures auto-infligées a été enregistrée par rapport à la même période avant la pandémie. Elle a été la plus marquée au cours des premiers mois de la période à l’étude. 

Les conséquences de la pandémie sur les personnes ayant besoin de soins pour des blessures auto-infligées variaient selon l’âge et le sexe. Dans l’ensemble, les soins pour des blessures auto-infligées ont augmenté chez les filles et les femmes de 10 à 24 ans, principalement dans les derniers mois de la période de pandémie à l’étude. D’octobre 2020 à juin 2021, le nombre de visites au service d’urgence a en effet affiché une hausse de 10 % et le nombre d’hospitalisations, de 12 %. Les filles et les femmes de 10 à 24 ans représentaient aussi le groupe ayant le plus sollicité d’aide médicale en raison de blessures auto-infligées pendant la pandémie. Elles étaient en effet à l’origine de près de 40 % de toutes les visites au service d’urgence et de plus de 30 % de toutes les hospitalisations.

Variation  du nombre de visites au service d’urgence et d’hospitalisations pour des blessures auto-infligées, filles et femmes de 10 à 24 ans, mars 2020 à juin 2021

Mois Visites au service d’urgence Hospitalisations
Mars 2020 -3 % -8 %
Avril 2020 -20 % -33 %
Mai 2020 -20 % -23 %
Juin 2020 -11 % -16 %
Juillet 2020 12 % 9 %
Août 2020 -10 % 12 %
Septembre 2020 21 % 6 %
Octobre 2020 4 % 9 %
Novembre 2020 -3 % -12 %
Decembre 2020 7 % 1 %
Janvier 2021 7 % -1 %
Février 2021 -3 % 2 %
Mars 2021 33 % 24 %
Avril 2021 39 % 10 %
Mai 2021 14 % 38 %
Juin 2021 10 % 22 %

Remarques
Les données sont complètes pour les services d’urgence de l’Ontario, de l’Alberta et du Yukon. Les données sont partielles pour l’Île-du-Prince-Édouard, la Nouvelle-Écosse et la Saskatchewan.
Les données du Québec sur les hospitalisations ne sont pas disponibles.
Base de données sur les congés des patients et Système national d’information sur les soins ambulatoires : la période des données de mars 2020 à mars 2021 est close. Les données pour avril à juin 2021 sont provisoires et pourraient changer; elles doivent donc être interprétées avec prudence. Voyez comment utiliser les données provisoires de l’ICIS sur la santé.
Système d’information ontarien sur la santé mentale (SIOSM) : données provisoires soumises au 1er septembre 2021.
Les données sur les services d’urgence ont servi à la validation des blessures auto-infligées dans le fichier de données du SIOSM. Pour en savoir plus, consultez l’onglet Avis aux lecteurs dans le fichier des tableaux de données.

Sources
Système national d’information sur les soins ambulatoires, Base de données sur la morbidité hospitalière et Système d’information ontarien sur la santé mentale, de janvier à décembre 2019 (données de référence recueillies avant la pandémie) et de mars 2020 à juin 2021 (données recueillies durant la pandémie), Institut canadien d’information sur la santé.

Il importe de garder à l’esprit que nos données pour les blessures auto-infligées ne tiennent pas compte des décès survenus à l’extérieur de l’hôpital ni des soins prodigués dans la collectivité. La présente analyse permet de déterminer de façon générale si les Canadiens ont accès aux soins de santé mentale dont ils ont besoin pendant la pandémie. Il faudra continuer de surveiller les changements dans les hospitalisations et les visites au service d’urgence pour des blessures auto-infligées, particulièrement chez les jeunes adultes.

Le troisième volet des conséquences inattendues de la pandémie concerne les chutes accidentelles. Dans l’ensemble, une diminution du nombre de visites au service d’urgence (22 %) et d’hospitalisations (4 %) en raison de chutes accidentelles a été observée au cours de la période de pandémie à l’étude par rapport à la période qui précède la pandémie (2019). La baisse la plus importante a été enregistrée chez les jeunes de 5 à 19 ans. Pour en savoir plus sur les chutes accidentelles, consultez les tableaux de données.

Questions auxquelles ces informations ne permettent pas de répondre

  • Les sites de consommation supervisée Référence7 et les programmes de réduction des méfaits ont-ils pu maintenir leurs activités pendant la pandémie?
  • Existe-t-il un lien entre les changements dans les soins pour blessures auto-infligées et la variation des taux de suicide pendant la pandémie?  

Ressources en vedette

Conséquences inattendues de la pandémie de COVID-19 : méfaits causés par l’utilisation de substances

​​Ces tableaux de données contiennent de l’information sur les visites aux urgences et les hospitalisations durant 2 périodes, soit avant la pandémie et pendant la pandémie. Ils aident à comprendre les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les méfaits causés par l’utilisation de substances psychotropes au Canada.

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Conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les blessures auto-infligées

​Ces tableaux de données contiennent de l’information sur les visites au service d'urgence (SU) et les hospitalisations durant 2 périodes, soit avant la pandémie et pendant la pandémie. Ils aident à comprendre les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les blessures auto-infligées au Canada.

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Conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les chutes accidentelles au Canada

​Ces tableaux de données contiennent de l’information sur les visites au service d'urgence (SU) et les hospitalisations durant 2 périodes, soit avant la pandémie et pendant la pandémie. Ils aident à comprendre les conséquences de la pandémie de COVID-19 sur les chutes accidentelles au Canada.

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