Foire aux questions sur la mesure du risque de fragilité à l’hôpital (MRFH) de l’ICIS

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1. Qu’est-ce que la MRFH de l’ICIS?

La mesure du risque de fragilité à l’hôpital (MRFH) de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) est une mesure contextuelle de la fragilité en soins de courte durée élaborée par l’ICIS. Il s’agit d’un outil d’aide à la planification et à l’allocation des ressources qui utilise les données administratives recueillies de façon systématique pour caractériser le risque de fragilité des personnes âgées (65 ans et plus) hospitalisées au Canada. La MRFH peut favoriser la prestation de soins appropriés et ciblés à cette population en soins de courte durée dont les besoins sont multiples et complexes et ainsi améliorer les résultats pour la santé des personnes âgées à risque de fragilité. Elle a été élaborée et validée à partir d’échanges avec des experts cliniques canadiens et étrangers et des commentaires des intervenants. 

La MRFH de l’ICIS sert principalement à la planification globale des systèmes de santé et à l’amélioration de la recherche et de la qualité. En tant qu’outil d’aide à la planification et à l’allocation des ressources, elle permet de cerner les besoins des services de santé locaux (p. ex. pour guider la planification des services hospitaliers, notamment le choix des modèles de prestation de soins, de dotation en personnel et de programmes, en fonction des besoins). Elle permet aussi d’orienter la planification des sorties et des soins de fin de vie, et la coordination entre les services hospitaliers, les services à domicile et les soins de longue durée. 

Enfin, il importe de souligner que la MRFH n’est pas un outil d’évaluation clinique de la fragilité de chaque patient ni un indicateur de santé servant à comparer la performance à l’échelle des autorités compétentes ou des organismes. Consultez les questions 4 et 7 pour en savoir plus à ce chapitre. 

2. À quoi doit servir la MRFH de l’ICIS?

La MRFH de l’ICIS est un bon indicateur de grande utilisation des services hospitaliers et de mauvais résultats pour la santé, comme la mortalité à l’hôpital, ainsi que du risque de réadmission à l’hôpital et de placement en établissement (p. ex. admission dans un établissement de soins de longue durée).

C’est une mesure contextuelle qui devrait aider les administrateurs des systèmes de santé à répondre à des questions comme :

  • Est-ce que mon organisme dispose de l’infrastructure et des ressources nécessaires à la prise en charge adéquate de la population âgée fragile?
  • Que faire une fois que les personnes fragiles ont été identifiées?

Voici quelques façons d’utiliser la MRFH de l’ICIS : 

  • obtenir de l’information pour orienter la prestation des services et la planification globale des systèmes de santé (voir question 1);
  • effectuer des couplages avec les mesures des résultats déclarés par les patients et d’autres données liées aux personnes âgées;
  • obtenir de l’information pour éclairer la prise de décisions relatives à la mise en service et aux remboursements;
  • favoriser la recherche et améliorer la qualité1.

Les planificateurs et les décideurs des systèmes de santé, les gestionnaires des organismes de prestation de soins et les chercheurs font partie des principaux utilisateurs de la MRFH. 

3. Pourquoi est-il important de mesurer le risque de fragilité?

La proportion de personnes âgées augmente au Canada et il est à prévoir qu’un nombre croissant de personnes se retrouveront dans un état de fragilité. Jusqu’à maintenant, aucune mesure normalisée ne permettait d’identifier, à l’aide de données administratives recueillies de façon systématique, les patients à risque de fragilité dans les établissements de soins de courte durée du Canada. En tant qu’outil efficace pour la planification globale des systèmes de santé et l’amélioration de la qualité, la MRFH de l’ICIS vise à aider les provinces et les territoires à comprendre le degré de fragilité de leur population âgée de 65 ans et plus hospitalisée en soins de courte durée.

  • Les besoins médicaux et cliniques complexes fréquemment observés chez les personnes âgées fragiles exigent parfois des approches thérapeutiques distinctes.
  • En permettant de mieux comprendre le degré de fragilité à l’hôpital, la MRFH peut guider le choix de modèles de soins et de dotation en personnel et aider à déterminer les ressources possiblement requises pour les personnes âgées hospitalisées qui sont à risque de fragilité (par rapport à celles qui ne le sont pas). 
  • Compte tenu du nombre croissant de personnes âgées présentant une fragilité, il convient de planifier et d’affecter les ressources de façon à rediriger les services vers des milieux de soins autres que l’hôpital (p. ex. services à domicile, établissements de soins de longue durée).
  • Il est possible d’améliorer la qualité de vie et l’expérience des patients les plus malades, lesquels ont souvent besoin de services hospitaliers fréquents.
  • Le degré de fragilité influe sur la planification des sorties ainsi que sur les services de soins de fin de vie et de soins palliatifs.

4. La MRFH de l’ICIS peut-elle être utilisée comme outil d’évaluation clinique de la fragilité de chaque patient?

Non. La MRFH de l’ICIS n’est pas un outil de diagnostic clinique destiné à être utilisé pour l’évaluation de chaque patient ni pour la planification individuelle des soins. La référence actuelle pour l’évaluation et la gestion de la fragilité dans les milieux cliniques demeure l’évaluation gériatrique complète.

Il importe de souligner que cette mesure ne doit être utilisée que dans un contexte de soins secondaires. Elle ne vise pas à orienter la prise de décisions cliniques concernant les soins au patient. Les planificateurs et les administrateurs des systèmes de santé doivent l’utiliser à un niveau agrégé pour faciliter la compréhension et la planification des besoins des personnes âgées hospitalisées susceptibles de présenter une fragilité. Si la MRFH de l’ICIS détermine qu’une personne présente un risque de fragilité, il faudra procéder à une évaluation clinique directe. 

5. Comment le risque de fragilité est-il mesuré?

La MRFH de l’ICIS suit un modèle de déficit cumulatif (c.-à-d. qu’elle repose sur une accumulation des déficits ou des états de fragilité pour déterminer le risque individuel de fragilité).

Il y a 3 façons de contextualiser la fragilité à l’aide de la MRFH de l’ICIS : 

  1. Une variable continue de la MRFH est calculée pour chaque patient en divisant le nombre total de déficits par 36, c’est-à-dire par le nombre maximal de déficits qu’un patient peut présenter. La valeur ainsi obtenue varie de 0 à 1.
  2. Les 8 groupes de risque rendent compte du risque relatif de fragilité. Ils varient du degré de risque le plus faible (groupe 1) au degré de risque le plus élevé (groupe 8), selon le nombre de déficits que présente le patient. 
  3. La mesure contextuelle Personnes âgées hospitalisées (65 ans et plus) à risque de fragilité (%) correspond à la proportion de patients atteints de 6 déficits ou plus (c.-à-d. qui sont classés dans les groupes de risque 4 à 8). Il a été démontré que le seuil de 6 déficits permettait de cibler les personnes âgées présentant un risque accru de mauvais résultats pour la santé, comme la mortalité, la réadmission à l’hôpital et les longs séjours à l’hôpital.

Les résultats sont agrégés au niveau de l’établissement, de la région et de la province ou du territoire. Les deuxième et troisième niveaux pourraient être plus utiles et faciles à comprendre dans un contexte d’administration des systèmes de santé et des hôpitaux et le premier niveau, être plus éloquent dans un contexte de recherche. Les organismes de soins de santé (p. ex. hôpitaux ou régions sanitaires) peuvent utiliser la mesure contextuelle Personnes âgées hospitalisées (65 ans et plus) à risque de fragilité (%) pour brosser un portrait global du degré de fragilité de leurs patients ou les 8 groupes de risque pour cibler un groupe de patients plus restreint présentant un risque de fragilité plus élevé. 

Pour en savoir plus sur la méthodologie de la MRFH, notamment connaître la liste des déficits, consultez le Répertoire des indicateurs de l’ICIS.

6. Quel est le degré de sensibilité de la MRFH de l’ICIS dans l’identification des patients à risque de fragilité?

La MRFH de l’ICIS repose sur une méthodologie exhaustive. La liste des catégories d’états de fragilité (ou déficits) et les codes correspondants de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, dixième version, Canada (CIM-10-CA) sont le fruit d’une vaste consultation réalisée auprès d’experts du domaine au Canada et au Royaume-Uni, ainsi que des spécialistes des classifications de l’ICIS. 

En dépit de certaines limites (voir question 7), la MRFH de l’ICIS correspond bien aux résultats des évaluations cliniques des diverses populations. Elle prédit efficacement les mauvais résultats pour la santé liés à l’état de fragilité, comme la mortalité, la réadmission à l’hôpital, la grande utilisation de lits d’hôpitaux et l’admission en services à domicile et en soins de longue durée2. Sa capacité à prédire ces résultats a été prise en compte dans l’élaboration de la mesure contextuelle Personnes âgées hospitalisées (65 ans et plus) à risque de fragilité (%) et des 8 groupes de risque de fragilité sous-jacents, ce qui contribue à atténuer certains problèmes de sous-dénombrement des états de fragilité décrits à la question 7. 

Ces mesures brossent un portrait juste du risque de fragilité à l’échelle de la population. Pour en savoir plus sur l’élaboration de la MRFH de l’ICIS et les états de fragilité pris en compte, consultez le Répertoire des indicateurs de l’ICIS.

7. Quelles sont les limites de la MRFH de l’ICIS?

Nous pensons que de nombreux états d’intérêt ne sont pas bien saisis dans les données administratives sur lesquelles repose la MRFH de l’ICIS. 

  • La codification n’est pas obligatoire pour tous les états de fragilité intégrés à la mesure. Les pratiques de codification varient d’une province et d’un territoire à l’autre.
  • Certaines sources de données administratives utilisées pour détecter les états de fragilité ne contiennent que des données partielles. 
  • Certains états, notamment les déficits fonctionnels et cognitifs, ne sont pas bien documentés selon les pratiques de codification actuelles. 

Il se peut donc que le nombre de déficits calculé pour chaque patient soit sous-estimé. Les différences dans les pratiques de codification et l’étendue des données d’une autorité compétente à l’autre soulèvent également des problèmes de comparabilité à l’échelle du Canada. Pour ces raisons, la MRFH de l’ICIS demeure une mesure contextuelle et non un indicateur de performance. Il est déconseillé de faire des comparaisons directes entre les provinces, territoires et organismes, à moins que les données soient jugées comparables. Les utilisateurs peuvent toutefois surveiller les tendances au sein de leurs populations fragiles, dans la mesure où les pratiques de codification sont demeurées stables au fil du temps. 

La mesure actuelle peut en outre servir de référence pour améliorer les pratiques de documentation et mieux faire connaître le sujet de la fragilité dans les établissements de soins de courte durée et dans d’autres milieux cliniques et communautaires. Pour qu’un plus grand nombre d’états de fragilité soient pris en compte dans cette mesure, les organismes et les autorités compétentes pourraient rendre obligatoire la saisie des diagnostics associés à un état de fragilité. Cela pourrait inclure la saisie des données pertinentes tirées des notes du personnel infirmier, l’utilisation de codes non obligatoires, comme les diagnostics de type (3), pour les états visés par la MRFH de l’ICIS, ainsi que la poursuite des efforts déployés pour améliorer la qualité de la documentation des médecins.

8. Peut-on utiliser la MRFH de l’ICIS pour l’ajustement en fonction des risques?

Lorsque les données sont comparables, la MRFH de l’ICIS peut être utilisée comme variable pour ajuster les indicateurs de santé en fonction des risques. Comme les personnes qui présentent une fragilité sont plus susceptibles d’avoir de mauvais résultats pour la santé, cette caractéristique peut, après un examen attentif, être prise en compte dans les produits analytiques concernant les personnes âgées. 

La MRFH de l’ICIS peut être utilisée comme facteur de risque avec d’autres facteurs tels que le sexe, l’âge et l’indice de comorbidité de Charlson dans la modélisation de divers résultats défavorables. L’ajustement en fonction de la MRFH de l’ICIS garantira la comparabilité des indicateurs de performance visant les personnes âgées hospitalisées.

En raison des différences dans l’étendue des données et les pratiques de codification, il faudra entre autres tenir compte de la comparabilité entre les organismes de la cohorte analysée. Les données qui sont comparables au sein d’une province, d’un territoire ou d’une région sanitaire pourraient être utilisées pour l’ajustement en fonction des risques. 

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