Tendances des dépenses nationales de santé, 2023 — analyse éclair

• Le total des dépenses de santé du Canada devrait atteindre 344 milliards de dollars en 2023, pour une hausse de plus de 9 milliards comparativement à 2022.
• Le total des dépenses de santé du Canada devrait augmenter de 2,8 % en 2023, après une hausse de seulement 1,5 % en 2022. Cette faible hausse survient après une poussée de 13,2 % en 2020 et de 7,8 % en 2021 attribuable à la pandémie de COVID-19. Dans les 5 ans précédant la pandémie (de 2015 à 2019), la croissance des dépenses de santé était en moyenne de 4,3 % par année.
• La croissance des dépenses de santé en 2022 et en 2023 n’a pas suivi le rythme des taux combinés de l’inflation et de la croissance démographique, ce qui pourrait s’expliquer en partie par les taux d’inflation, inédits depuis les années 1980. En 2022, le taux de croissance annuel de l’indice global des prix à la consommation (IPC) a atteint 6,8 %, un sommet depuis 40 ans. L’inflation touche tous les secteurs de l’économie, y compris celui de la santé. Cependant, les prix des services de santé sont négociés et fixés dans le cadre d’ententes pluriannuelles. Par conséquent, le taux d’inflation dans le secteur de la santé est généralement décalé par rapport à celui des autres secteurs de l’économieNote de bas de pagei. À terme, il y aura donc lieu de surveiller l’incidence de l’inflation sur les dispensateurs de soins et les produits médicaux.

Habituellement, les principales catégories de dépenses de santé sont celles des hôpitaux, des médecins et des médicaments. Ensemble, ces 3 catégories représentent plus de la moitié des dépenses totales de santé au Canada.

• Dépenses hospitalières. Le rapport Le pouls des soins de santé : un aperçu de la situation au Canada, 2023 de l’ICIS indique qu’au cours des 2 premières années et demie de la pandémie, environ 743 000 chirurgies (13 %) de moins qu’avant la pandémie ont été effectuées au Canada (à l’exclusion du Québec). Par conséquent, les dépenses hospitalières ont connu une croissance modeste de 2,1 % en 2020. Les efforts visant à réduire les retards et les temps d’attente, en plus de la demande différée de services hospitaliers, ont contribué à la reprise de la croissance des dépenses. On s’attend à ce que les dépenses hospitalières augmentent de 11,1 % en 2022 et de 4,1 % en 2023.
  
  Selon des données sur les dépenses hospitalières diffusées par l’ICIS, la rémunération a représenté la plus grande part des dépenses hospitalières (63,1 %) en 2021-2022. Les pénuries de personnel, la demande croissante de services hospitaliers et une inflation élevée persistante pourraient exercer une pression accrue sur le coût des services hospitaliers dans les prochaines années.
• Dépenses liées aux médecins. En 2020, les dépenses liées aux médecins ont diminué de 3,7 %. Ce repli est en grande partie attribuable au report de soins de santé (p. ex. soins de routine des patients atteints de maladies chroniques, analyses de laboratoire et tests de dépistage) en raison de la pandémie. Au fil de la reprise des services, les dépenses liées aux médecins sont toutefois reparties à la hausse. La croissance des dépenses liées aux médecins a atteint 6,4 % en 2021; elle devrait être de l’ordre de 9,5 % en 2022 et de 6,9 % en 2023. L’augmentation soutenue des besoins en matière de services dispensés par des médecins et les pressions inflationnistes pendant le renouvellement des contrats seront les principaux facteurs d’accroissement des dépenses liées aux médecins.
• Dépenses en médicaments. On s’attend à ce que les dépenses totales en médicaments augmentent de 7,0 % en 2022 et de 4,1 % en 2023. Selon la publication Dépenses en médicaments prescrits au Canada de l’ICIS, les médicaments contre la fibrose kystique (Trikafta) et le diabète (Ozempic) ont le plus contribué à la croissance des dépenses des régimes publics d’assurance médicaments en 2022. Les dépenses en médicaments biologiques ont aussi augmenté; toutefois, l’adoption soutenue des médicaments biosimilaires a un effet modérateur sur la croissance des dépenses en médicaments.

Traditionnellement au Canada, la croissance des dépenses de santé suit la croissance économique, et la dépasse même parfois. Compte tenu de la faible croissance économique prévue pour 2023, les dépenses de santé devraient connaître une hausse modeste. Cette tendance ressemble à celle observée au début des années 2010, quand l’économie se remettait de la crise financière de 2009.

• On estime que le total des dépenses de santé représentera 12,1 % du produit intérieur brut (PIB) canadien en 2023. Il s’agit d’une baisse par rapport au sommet de 13,8 % atteint en 2020, lorsqu’un financement d’appoint additionnel a été utilisé en réponse à la pandémie et que les mesures mises en place pour limiter la propagation du virus ont fait chuter la croissance économique.
• À terme, les systèmes de santé se heurteront aux forces économiques convergentes et à la hausse des besoins en soins de santé attribuable au vieillissement et à l’accroissement de la population.
• En février 2023, le gouvernement fédéral a conclu avec les provinces et territoires une nouvelle entente qui prévoit un financement supplémentaire de 196,1 milliards de dollars sur 10 ans pour la santé. La dernière fois qu’une entente avait été conclue en matière de soins de santé, dans les années 2000, le taux annuel de croissance des dépenses de santé dépassait les 6 %.

En 2021, dernière année pour laquelle on dispose de données comparables, les États-Unis présentaient un ratio des dépenses de santé par rapport au PIB de 17,4 %, soit le plus élevé parmi les 38 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). L’Allemagne suivait loin derrière à 12,9 %. Le Canada (12,3 %) faisait partie d’un groupe de pays aux dépenses de santé élevées, composé entre autres du Royaume-Uni (12,4 %), de la France (12,3 %) et de la Nouvelle-Zélande (10,1 %).

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